
Devenir footballeur professionnel en France n’est pas une question de talent seul, mais la capacité à gérer sa carrière comme une véritable entreprise individuelle.
- La grande majorité des jeunes en centre de formation (plus de 80%) ne signeront jamais de contrat professionnel, rendant la préparation à l’échec aussi importante que la quête du succès.
- Les choix de structure (Pôle Espoir vs. Section Sportive) et de conseillers ne sont pas des détails, mais des décisions stratégiques qui conditionnent l’avenir du joueur.
Recommandation : Adoptez dès le départ une mentalité de « joueur-entrepreneur » et faites du double projet scolaire une priorité absolue pour sécuriser l’avenir, quelle que soit l’issue sportive.
Le rêve est universel. Devant un match de Ligue 1, des milliers de jeunes joueurs et leurs parents s’imaginent sur la pelouse, portant le maillot de leur club de cœur, soulevant un trophée. Ce rêve est le moteur de millions de licenciés en France. Pour y parvenir, les conseils habituels fusent : « travaille plus que les autres », « écoute ton coach », « sois discipliné ». Si ces préceptes sont justes, ils sont tragiquement incomplets. Ils décrivent l’éthique de travail, mais ignorent la dimension la plus cruciale et la plus sélective du football moderne : la stratégie de carrière.
En tant que recruteur, j’ai vu des talents purs, des prodiges techniques, disparaître des radars, tandis que des joueurs peut-être moins doués mais plus intelligents dans leur gestion de carrière ont percé. La différence ? Les premiers étaient de simples joueurs. Les seconds se sont comportés en « joueurs-entrepreneurs ». Ils ont compris que leur carrière était une start-up dont ils étaient le PDG. Leur talent n’était pas une fin en soi, mais un capital de départ à investir judicieusement. Ils ont analysé le marché, choisi leurs partenaires, géré les risques et, surtout, ils ont eu un plan B solide.
Cet article n’est pas une énième compilation de conseils génériques. C’est une feuille de route stratégique, la vision d’un professionnel du recrutement. Nous n’allons pas vendre du rêve, mais donner les clés pour le construire de manière lucide et pragmatique. De la détection à la gestion de la pression, en passant par les choix structurants et la réalité brutale des statistiques, vous découvrirez comment transformer un jeune talent en un projet de carrière viable et résilient.
Pour naviguer dans cet univers complexe, ce guide est structuré pour vous accompagner pas à pas. Vous y trouverez une analyse des différentes voies de formation, des conseils pour vous entourer des bonnes personnes et une vision claire de ce qui attend réellement un jeune à la sortie d’un centre de formation.
Sommaire : Le parcours complet du jeune footballeur vers le monde professionnel
- Comment se faire repérer par un recruteur quand on est un jeune joueur ?
- Pôle Espoir ou section sport-études : quelle est la meilleure voie pour un jeune footballeur ?
- À partir de quel âge faut-il un agent et comment le choisir ? Le guide pour les jeunes joueurs et leurs parents
- Le rêve brisé : pourquoi 95% des jeunes en centre de formation ne deviendront jamais pros
- Contrat pro, prêt ou chômage : que se passe-t-il à la sortie du centre de formation ?
- La gestion de la pression avant un grand match : les techniques des professionnels
- Le contrôle orienté : le geste technique qui différencie les bons joueurs des très grands
- L’épreuve du centre de formation : guide de survie pour les apprentis footballeurs
Comment se faire repérer par un recruteur quand on est un jeune joueur ?
La première étape du parcours est souvent la plus fantasmée : la détection. Beaucoup pensent qu’il suffit d’enchaîner les buts et les gestes spectaculaires pour qu’un recruteur vous tende une carte de visite. La réalité est plus subtile et beaucoup plus concurrentielle. Il faut d’abord comprendre l’ampleur de l’entonnoir. Pour chaque génération, sur 700 jeunes joueurs formés, seuls 130 signent un premier contrat professionnel, selon les données officielles de la FFF. Le « capital talent » de départ doit donc être exceptionnel juste pour entrer dans la course.
Alors, que regarde un recruteur au bord du terrain ? Bien sûr, la qualité technique, la vitesse et la puissance sont des prérequis. Mais ce qui fait la différence, c’est ce que nous appelons « l’intelligence de jeu ». Un jeune joueur qui comprend le jeu sans ballon, qui fait les bons choix sous pression, qui communique et qui montre une capacité d’adaptation rapide est infiniment plus précieux qu’un soliste, aussi brillant soit-il. Nous ne cherchons pas seulement des pieds, nous cherchons un cerveau.
L’attitude est le deuxième facteur clé. Un joueur qui râle, qui conteste les décisions de l’arbitre ou qui baisse les bras après une erreur est un « red flag » immédiat. Nous recherchons de la résilience, une éthique de travail visible même dans les moments difficiles, et du respect envers ses coéquipiers, ses adversaires et le corps arbitral. Un talent sans une mentalité irréprochable est un investissement trop risqué. L’objectif n’est pas seulement de se faire repérer, mais de prouver qu’on est un projet de joueur fiable sur le long terme.
Enfin, il faut être là où les recruteurs regardent : les niveaux régionaux les plus élevés (U14, U15, U16 R1), les coupes nationales et les détections organisées par les districts et les ligues. C’est sur ces terrains que se concentre l’observation. Comme le rappelle le joueur Valentin Liénard, il existe tout un écosystème au-delà de l’élite : « Le football pro, tout le monde le connaît parce qu’il est extrêmement médiatisé. Mais en National 3, 2 ou 1, il est beaucoup moins connu alors qu’il est quand même de plus en plus professionnel ». Se faire repérer, c’est d’abord et avant tout performer avec constance dans un environnement compétitif et visible.
Pôle Espoir ou section sport-études : quelle est la meilleure voie pour un jeune footballeur ?
Une fois le talent identifié, la première grande décision stratégique pour le « joueur-entrepreneur » et sa famille se présente : quelle structure de pré-formation choisir ? En France, deux voies royales coexistent, le Pôle Espoir et la Section Sportive Scolaire (SSS), mais elles ne répondent pas aux mêmes objectifs. Penser que l’une est simplement « meilleure » que l’autre est une erreur ; il faut choisir la plus adaptée à son profil et à son projet.
Le Pôle Espoirs FFF est la voie de l’hyper-sélectivité. Réservé à l’élite d’une génération (entrée à 15 ans), il vise à préparer les futurs pensionnaires des centres de formation de clubs professionnels et des équipes nationales. L’encadrement est directement piloté par la Direction Technique Nationale (DTN), avec une méthodologie unifiée sur tout le territoire. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : plus d’un tiers des Équipes de France, Jeunes et A, sont constituées de joueurs issus des Pôles Espoirs. Intégrer un Pôle, c’est entrer dans l’antichambre du très haut niveau, ce qui implique souvent un éloignement familial et une confrontation quotidienne à une concurrence féroce.

La Section Sportive Scolaire, quant à elle, représente la voie de l’excellence locale et du double projet. Avec près de 1000 structures en France, elle est beaucoup plus accessible et permet généralement au jeune de rester dans son environnement familial. L’objectif est de concilier une scolarité normale avec un entraînement de qualité, en partenariat avec un club local. C’est une excellente option pour un développement progressif, sans le déracinement et la pression inhérents aux Pôles. Le tableau suivant synthétise les différences fondamentales entre ces deux parcours.
| Critère | Pôle Espoirs FFF | Section Sportive Scolaire |
|---|---|---|
| Niveau visé | Élite nationale (pré-formation) | Double projet local |
| Âge d’entrée | 15-19 ans | Dès 11 ans (6ème) |
| Nombre de structures | 16 pôles masculins + 8 féminins | Près de 1000 établissements |
| Éloignement familial | Souvent nécessaire | Possible de rester proche |
| Encadrement | Direction Technique Nationale | Éducation Nationale + FFF |
Le choix n’est donc pas anodin. Il dépend du niveau de maturité du joueur, de sa capacité à gérer l’éloignement et de l’équilibre souhaité entre le projet sportif et le projet de vie. Un échec à l’entrée d’un Pôle Espoir n’est pas une fin en soi ; une excellente progression en Section Sportive peut mener aux mêmes portes un ou deux ans plus tard, avec une maturité différente.
À partir de quel âge faut-il un agent et comment le choisir ? Le guide pour les jeunes joueurs et leurs parents
La figure de l’agent est centrale dans l’imaginaire du football professionnel. Pour les parents et les jeunes joueurs, il est souvent perçu comme le sésame qui ouvrira les portes des plus grands clubs. Cette perception conduit à une question récurrente : à quel moment faut-il s’entourer ? La réponse, du point de vue de la loi et de la stratégie de carrière, est claire : la précipitation est la pire des conseillères. Il est crucial de construire son « conseil d’administration » avec soin et méthode.
Avant tout, il faut connaître le cadre légal français qui est très protecteur. Il est formellement interdit de rémunérer un agent pour un joueur mineur qui n’a pas encore signé un contrat spécifique (aspirant, stagiaire ou élite). Autrement dit, un agent qui demande de l’argent aux parents d’un jeune de 14 ans pour lui trouver des essais est, au mieux, mal informé, au pire, malhonnête. Jusqu’à la signature de ce premier contrat, les parents sont les premiers et les seuls conseillers légitimes. Ils peuvent, s’ils le souhaitent, se faire assister par un avocat mandataire sportif pour des conseils juridiques, mais la relation contractuelle et rémunérée avec un agent sportif FFF ne peut commencer qu’avec un vrai statut de joueur en formation.
Le véritable rôle d’un bon conseiller n’est pas de « placer » un joueur, mais d’accompagner une carrière. Il doit avoir une vision à long terme, comprendre le projet de jeu du club visé, et surtout, sécuriser le parcours du jeune. Se méfier des promesses de clubs étrangers mirifiques ou des discours flatteurs est une règle d’or. Un agent sérieux ne vend pas du rêve, il présente un plan de développement réaliste. La seule garantie de légitimité est la licence officielle d’agent sportif FFF, dont la liste est publique et vérifiable. Toute personne agissant sans cette licence opère dans l’illégalité.
Le choix d’un bon conseiller est donc une étape clé pour le « joueur-entrepreneur ». Il ne s’agit pas de trouver un commercial, mais un partenaire stratégique. Ce choix doit se faire sans urgence, en prenant le temps de rencontrer plusieurs personnes, de vérifier leurs références et de s’assurer que leur vision correspond à celle de la famille et du joueur. Pour éviter les pièges, une checklist rigoureuse s’impose.
Votre checklist pour choisir un conseiller de confiance
- Vérifier la licence FFF : Consulter la liste officielle des agents sportifs sur le site de la Fédération Française de Football.
- Analyser le discours : Se méfier des promesses de clubs prestigieux sans plan concret et des garanties de réussite.
- Refuser toute demande d’argent : Un agent licencié ne demande jamais d’argent aux parents pour des tests ou des mises en relation avec des clubs.
- Demander des références : Interroger l’agent sur les parcours d’autres jeunes joueurs qu’il a accompagnés, y compris ceux qui n’ont pas percé.
- Respecter le timing : Ne s’engager contractuellement qu’à partir du moment où le joueur peut légalement signer un contrat (aspirant, stagiaire, élite).
Le rêve brisé : pourquoi 95% des jeunes en centre de formation ne deviendront jamais pros
Entrer en centre de formation est souvent perçu comme la consécration, l’avant-dernière étape avant le contrat professionnel. C’est une erreur de perspective. L’entrée au centre n’est pas la fin de la sélection, c’est le début de la sélection la plus impitoyable. Les chiffres de la Direction Technique Nationale sont sans appel et doivent être connus de tous les aspirants et de leurs parents : seuls 18,5% des jeunes formés signent un premier contrat professionnel. Cela signifie que plus de quatre jeunes sur cinq qui consacrent leur adolescence au football de haut niveau n’atteindront pas l’objectif ultime.
Cette statistique n’est pas faite pour décourager, mais pour obliger à la lucidité. La principale raison de cet « échec » statistique est simple : la pyramide du talent. Un jeune qui était le meilleur joueur de son club de village ou de son département se retrouve soudainement entouré de quarante joueurs qui étaient, eux aussi, les meilleurs. La concurrence change de nature, elle devient quotidienne et intense. Le niveau d’exigence technique, tactique, athlétique et surtout mental monte d’un cran vertigineux. Beaucoup de talents ne supportent pas de ne plus être « le » meilleur, mais un parmi d’autres.
Le parcours de Valentin Liénard, ancien coéquipier de Kylian Mbappé à l’académie de l’AS Monaco, est une illustration parfaite de cette réalité. Passé par les centres de formation de Nice, Monaco et Istres, il a connu l’excellence de la formation française sans jamais signer le contrat professionnel dont il rêvait. Aujourd’hui, il évolue en National 3 et est devenu une star de YouTube où il partage son expérience. Son cas démontre que « l’échec » est relatif. Il explique que « beaucoup de jeunes pensent qu’une carrière professionnelle ressemble à celle de Neymar ou de Mbappé mais la réalité, c’est qu’il y a beaucoup plus de joueurs pros proches de ma situation que celle des superstars ». Il a su rebondir et construire un autre projet, une parfaite démonstration de gestion de l’échec et de réorientation stratégique.
D’autres facteurs expliquent ce taux de réussite limité : les blessures qui peuvent stopper une progression nette, les difficultés d’adaptation à l’éloignement familial, ou encore une maturation physique ou tactique plus lente que celle des coéquipiers. Comprendre et accepter cette probabilité fait partie de la stratégie du « joueur-entrepreneur ». Cela force à ne jamais mettre de côté le projet scolaire et à se préparer mentalement à tous les scénarios, y compris celui de ne pas signer pro.
Contrat pro, prêt ou chômage : que se passe-t-il à la sortie du centre de formation ?
La fin du cursus en centre de formation est un moment de vérité. Pour le « joueur-entrepreneur », c’est l’équivalent d’une levée de fonds ou d’un bilan de fin d’exercice. Les années d’investissement en temps et en efforts aboutissent à plusieurs scénarios possibles, bien plus nuancés que la simple opposition « contrat pro ou rien ». Comprendre les différents statuts et contrats proposés est essentiel pour piloter la suite de sa carrière.
Pour la minorité qui convainc le staff technique, plusieurs types de contrats peuvent être proposés, marquant l’entrée dans le monde professionnel ou pré-professionnel. Le contrat aspirant est souvent la première étape pour les plus jeunes, suivi du contrat stagiaire, qui est l’antichambre du monde pro. Le Graal est le contrat Élite, le premier vrai contrat professionnel pour un jeune joueur, qui garantit une place dans le groupe pro pour une durée maximale de 3 ans. Chaque contrat correspond à un niveau de maturité et de potentiel estimé par le club.
Parfois, un club croit au potentiel d’un joueur mais estime qu’il n’aura pas assez de temps de jeu en équipe première. La solution est alors un prêt, souvent dans une division inférieure comme le National ou le National 2. Loin d’être une sanction, c’est une décision stratégique qui vise à endurcir le joueur, à lui donner de l’expérience et du temps de jeu dans un football d’adulte. C’est un investissement du club qui parie sur son retour à un niveau supérieur.
Le choix du centre de formation initial a un impact direct sur ces débouchés. Selon le classement 2023-2024 de l’efficacité des centres de formation, des clubs comme le Stade Rennais FC, l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain dominent non seulement par le nombre de contrats signés, mais aussi par la qualité du suivi et les opportunités offertes. L’évaluation de la FFF repose sur des critères précis comme la professionnalisation, le temps de jeu en équipe première et la qualité du suivi scolaire, prouvant que la performance d’un centre est multidimensionnelle.
| Type de contrat | Durée | Statut | Perspectives |
|---|---|---|---|
| Contrat Aspirant | 1 à 3 ans | En formation | Évolution vers stagiaire ou pro |
| Contrat Stagiaire | 1 à 2 ans | Pré-professionnel | Passerelle vers le pro |
| Contrat Élite | 3 ans max | Jeune pro | Premier contrat professionnel |
| Prêt en N2/N3 | 1 saison | Pro en développement | Temps de jeu et expérience |
Pour la majorité, la sortie se fait sans contrat. C’est là que la préparation en amont, notamment le double projet scolaire, prend tout son sens. Le joueur doit alors activer son « plan B » : rebondir dans des clubs de niveau inférieur (National 2, National 3) pour tenter de remonter la pente, ou basculer vers une autre carrière grâce à son bagage scolaire. La fin du centre de formation n’est pas une fin, c’est une bifurcation.
La gestion de la pression avant un grand match : les techniques des professionnels
Le talent technique et la condition physique ne sont qu’une partie de l’équation. À mesure que le niveau s’élève, la différence se fait de plus en plus dans la tête. La capacité à gérer la pression, le stress d’un match à enjeu ou la peur de mal faire est une compétence aussi importante que la qualité de passe. C’est le « capital mental » du joueur-entrepreneur, et il se travaille avec la même rigueur que le reste.

Beaucoup de gens extérieurs au milieu ne voient que la partie émergée de l’iceberg. Comme le souligne Valentin Liénard : « Les gens voient le résultat souvent le samedi, mais la vie du joueur, ce n’est pas que ça. Il y a tous les entraînements de la semaine, les soins, le repos, les déménagements, toutes ces contraintes-là ». Cette pression est multiforme : la pression du résultat, la peur de la blessure, la concurrence interne, l’attente des proches. Apprendre à la canaliser est un facteur de performance et de longévité.
Les centres de formation les plus performants, comme ceux de Monaco, Rennes ou Lyon, l’ont bien compris et intègrent désormais systématiquement un staff psychologique. Les préparateurs mentaux ne sont plus des gadgets, mais des membres à part entière de l’écosystème de performance. Ils apprennent aux jeunes des techniques concrètes pour optimiser leur état mental avant une échéance. Ces outils ne sont pas magiques, ils demandent de la pratique et de la répétition pour devenir des automatismes.
Parmi les techniques les plus utilisées, on retrouve des méthodes de visualisation, de respiration et de concentration :
- La visualisation positive : Il s’agit de se projeter mentalement dans le match et d’imaginer le déroulement idéal de ses actions. Réussir un contrôle, une passe, un duel. Le cerveau ne faisant pas la différence entre l’imaginaire et le réel, cette technique permet de construire de la confiance.
- La routine pré-match : Établir des rituels constants (ordre pour s’équiper, playlist musicale, étirements spécifiques) permet de créer une « bulle de concentration » et de rassurer le cerveau en le plaçant dans un schéma connu et maîtrisé.
- La respiration contrôlée : Des exercices simples comme la cohérence cardiaque (inspirer 5 secondes, expirer 5 secondes) permettent de réguler le rythme cardiaque et de diminuer physiologiquement le niveau de stress.
- Le focus sur le processus : L’idée est de déplacer son attention du résultat (gagner/perdre), qui ne dépend pas entièrement de soi, vers le processus (la qualité de ses gestes, de ses déplacements), sur lequel on a le contrôle.
Ces outils permettent au jeune joueur de reprendre le contrôle de ses émotions et de transformer la pression paralysante en énergie positive. C’est une discipline à part entière, essentielle pour survivre et performer dans un environnement ultra-compétitif.
Le contrôle orienté : le geste technique qui différencie les bons joueurs des très grands
Dans le football de haut niveau, le temps et l’espace sont des luxes. La vitesse du jeu moderne a rendu un geste technique, autrefois considéré comme un simple fondamental, un marqueur décisif du très haut niveau : le contrôle orienté. Ce n’est pas simplement la capacité à stopper le ballon, mais à le maîtriser en un seul toucher tout en l’orientant dans la direction de l’action suivante. C’est le geste qui transforme une situation neutre en une opportunité, qui permet de gagner une seconde cruciale sur l’adversaire.
Un bon joueur contrôle le ballon. Un très grand joueur l’utilise pour éliminer un adversaire avant même de l’avoir touché une deuxième fois. Le contrôle orienté est l’indicateur principal de la vitesse de décision et de la vision du jeu. Il prouve que le joueur a analysé la situation (position des coéquipiers, des adversaires) avant même de recevoir la passe. Pour un recruteur, un jeune qui maîtrise ce geste démontre une maturité tactique bien supérieure à la moyenne. C’est la signature des joueurs qui « sentent » le football.
L’excellence de la formation française, reconnue mondialement, repose en grande partie sur l’accent mis sur ces détails techniques dès le plus jeune âge. L’évaluation 2024-2025 de la DTN montre que les 33 clubs professionnels français intègrent systématiquement des exercices spécifiques pour développer cette compétence. Le plus célèbre est le « rondo thématique », ou « toro », qui force les joueurs à contrôler et passer en une ou deux touches sous la pression constante d’un ou plusieurs adversaires en espace réduit. Cet exercice, ludique en apparence, est un laboratoire pour le contrôle orienté, la prise d’information et la qualité de passe.
Pour un jeune « joueur-entrepreneur » qui veut améliorer la « qualité de son produit », la maîtrise de ce geste doit être une obsession. Cela passe par des heures de répétition et des exercices ciblés, souvent pratiqués dans les Pôles Espoirs et les centres de formation :
- Rondo thématique : Passes et contrôles sous pression en espace réduit pour améliorer la vitesse d’exécution.
- Circuit de contrôles directionnels : Enchaîner des contrôles orientés pour changer d’angle et de direction face à des plots ou des mannequins.
- Prise de balle dos au but : Apprendre à contrôler le ballon pour se retourner ou remiser en une seule touche.
- Travail sur la première touche : Se concentrer exclusivement sur la qualité du premier contact pour casser une ligne défensive ou se mettre en position de frappe.
Ce n’est pas le geste le plus spectaculaire, mais c’est l’un des plus efficaces. Le perfectionner est un investissement direct dans son « capital talent », un moyen concret de se différencier dans un monde où chaque détail compte.
À retenir
- Le talent est un point de départ, pas une garantie de succès ; la stratégie de carrière est tout aussi importante.
- Chaque choix de structure (Pôle Espoir, Section Sportive) ou de conseiller est une décision stratégique qui doit être mesurée et réfléchie.
- Le double projet scolaire n’est pas un plan B pour les « ratés », mais une partie intégrante et non négociable du plan A pour tout joueur intelligent.
L’épreuve du centre de formation : guide de survie pour les apprentis footballeurs
Le centre de formation est un univers à part, une bulle où le football est roi, mais où les règles de la vie normale sont exacerbées. La concurrence, la discipline et la pression y sont quotidiennes. Y survivre, et plus encore y prospérer, demande plus que du talent : une force de caractère et une intelligence situationnelle hors du commun. C’est l’épreuve du feu pour le « joueur-entrepreneur ». Les clubs professionnels l’ont bien compris, et ils y investissent massivement : pour la saison 2023-2024, les clubs de L1 et L2 consacrent un budget total de 118 millions d’euros à leurs centres. Cet investissement colossal justifie un niveau d’exigence extrême.
Le premier choc est psychologique. Comme le décrit parfaitement Valentin Liénard : « Ça change, tu sors d’un club de village, où t’es le meilleur de ton équipe et surclassé. D’un coup, tu te retrouves entouré de joueurs qui sont tous comme toi voire meilleurs ». Cette transition de « star locale » à « un parmi d’autres » est brutale. Elle exige une humilité et une capacité à se remettre en question fondamentales. Le joueur doit comprendre qu’il n’est plus évalué sur son talent brut, mais sur sa capacité de progression et d’intégration dans un projet collectif.
Face à cette réalité, la clé de la survie et de la réussite est le double projet. La FFF, dans toutes ses structures, insiste sur cette notion qui doit permettre à chaque jeune de s’épanouir sur les plans sportif et scolaire. Ce n’est pas une option, c’est une bouée de sauvetage et une preuve d’intelligence. Pour les 81,5% de jeunes qui ne signeront pas de contrat professionnel, un cursus scolaire solide est la seule garantie d’une reconversion réussie. Mais même pour les 18,5% restants, le suivi des études est un gage de maturité, de discipline et d’équilibre. Un joueur qui réussit à l’école est souvent un joueur qui comprend plus vite sur le terrain. C’est un signal extrêmement positif envoyé aux formateurs et aux recruteurs.
La survie en centre de formation est donc un marathon, pas un sprint. Il faut savoir gérer son corps (sommeil, nutrition, prévention des blessures), son mental (gestion de la concurrence, des coups durs) et son avenir (sérieux scolaire). C’est la mise en application totale du concept de « joueur-entrepreneur » : piloter toutes les facettes de son projet pour maximiser ses chances de réussite, tout en sécurisant son avenir en cas d’échec du plan principal.
Pour mettre en pratique ces conseils, la première étape est de faire un audit lucide de votre situation actuelle : où en êtes-vous dans ce parcours, quels sont vos points forts et, surtout, quelles décisions stratégiques devez-vous prendre à court et moyen terme ?
Questions fréquentes sur le parcours du jeune footballeur en France
Un joueur mineur peut-il avoir un agent rémunéré en France ?
Non, la loi française interdit formellement la rémunération d’agents pour les joueurs mineurs n’ayant pas signé de contrat professionnel (aspirant, stagiaire ou pro).
Comment vérifier qu’un agent est légitime ?
Seule la licence FFF d’agent sportif est un gage de légitimité. Cette licence est vérifiable sur le site officiel de la fédération. Méfiez-vous des promesses irréalistes et des demandes d’argent aux parents pour des tests.
Quelle alternative existe pour les mineurs ?
Les parents peuvent agir comme conseillers principaux. Pour des questions juridiques, ils peuvent se faire accompagner par un avocat mandataire sportif jusqu’à la signature du premier contrat aspirant ou stagiaire, moment où un agent sportif peut être engagé.