
La règle des 90 minutes est un mythe : la vraie durée d’un match de football est une science subjective décidée par le seul chronomètre de l’arbitre.
- Le « temps de jeu effectif », où le ballon est réellement en jeu, est souvent bien inférieur à 90 minutes, ce qui justifie les compensations.
- Les nouvelles directives de la FIFA visent à combattre l’antijeu en décomptant plus scrupuleusement chaque interruption (buts, VAR, remplacements).
Recommandation : La prochaine fois que vous regarderez un match, ne vous fiez pas au chronomètre affiché à l’écran, mais observez plutôt les interruptions pour anticiper la décision de l’arbitre.
Le panneau du quatrième arbitre s’illumine. « +7 ». Dans les tribunes, certains applaudissent, d’autres sifflent. À la télévision, le commentateur s’exclame sur ce « temps additionnel à rallonge ». Pourtant, le chronomètre officiel du diffuseur indiquait 90:00 depuis plusieurs secondes. Pourquoi le match ne s’arrête-t-il pas ? Pourquoi cette différence entre le temps affiché et le temps réel ? En tant qu’arbitre, je suis le seul maître du temps sur le terrain. Mon chronomètre n’est pas le même que celui que vous voyez à l’écran, et ma mission n’est pas de faire durer un match 90 minutes, mais de garantir une durée de jeu équitable.
Beaucoup de spectateurs, surtout les néophytes, pensent que la durée d’un match est une science exacte. On apprend la base : deux mi-temps de 45 minutes, une pause, et c’est tout. Mais la réalité du football moderne, avec ses remplacements multiples, l’intervention de l’assistance vidéo (VAR) et des célébrations de but de plus en plus chorégraphiées, a rendu cette notion obsolète. La véritable clé n’est pas le temps qui s’écoule, mais le **temps de jeu effectif** que je me dois de préserver. L’horloge, pour moi, n’est qu’un outil ; mon jugement en est le véritable moteur.
Dans ce guide, je vais vous ouvrir mon carnet et vous expliquer, comme je le ferais à mes assesseurs, comment je décompte chaque seconde. Nous allons décortiquer ensemble les fondements du temps réglementaire, comprendre la logique derrière l’explosion récente du temps additionnel, et clarifier une fois pour toutes la différence entre arrêts de jeu, prolongation et tirs au but. Vous ne regarderez plus jamais votre montre de la même manière au stade.
Pour naviguer à travers les subtilités du chronomètre d’un arbitre, cet article est structuré pour vous guider pas à pas. Découvrez ci-dessous les thèmes que nous allons aborder pour maîtriser parfaitement chaque aspect de la durée d’un match.
Sommaire : Comprendre le temps de jeu au football : le guide définitif de l’arbitre
- Le guide simple pour comprendre la durée d’un match (temps réglementaire, arrêts de jeu, prolongations)
- Pourquoi les matchs durent-ils 100 minutes maintenant ? L’explication des nouveaux arrêts de jeu
- Pourquoi y a-t-il maintenant 5 remplacements autorisés dans le football ?
- La séance de tirs au but : la loterie la plus stressante du sport expliquée
- Que se passe-t-il exactement pendant la mi-temps dans les vestiaires ?
- But ou pas but ? La règle la plus simple (mais la plus cruciale) du football expliquée
- L’art du coaching : comment un remplacement peut changer le cours d’un match
- Le football pour les nuls : comprendre les 10 règles essentielles en moins de 5 minutes
Le guide simple pour comprendre la durée d’un match (temps réglementaire, arrêts de jeu, prolongations)
Pour tout débutant, la première règle à connaître est simple : un match de football standard dure **90 minutes**. Cette durée, appelée **temps réglementaire**, est divisée en deux périodes de 45 minutes, séparées par une mi-temps qui ne doit pas excéder 15 minutes. Cependant, le ballon n’est que très rarement en jeu pendant 90 minutes complètes. C’est là qu’intervient la notion de **temps de jeu effectif**. Ce terme désigne le temps réel pendant lequel le ballon roule. Les sorties de but, les touches, les fautes, les blessures et les remplacements sont autant de moments où mon chronomètre personnel continue de tourner, mais où le jeu est arrêté.
Mon rôle principal est de compenser ce temps perdu. C’est ce qu’on appelle les **arrêts de jeu** ou le **temps additionnel**. À la fin de chaque mi-temps, j’additionne les secondes et minutes perdues pour les différentes interruptions et j’indique au quatrième arbitre le temps minimum à ajouter. Ce temps est une compensation, pas une science exacte, et relève de mon appréciation. Par exemple, le Paris Saint-Germain affiche le temps de jeu effectif le plus élevé de Ligue 1 avec 62 minutes et 7 secondes, ce qui montre que près d’un tiers du temps réglementaire est « perdu ».
Il est crucial de ne pas confondre les arrêts de jeu avec la **prolongation**. Les arrêts de jeu ont lieu à la fin de chaque mi-temps de chaque match. La prolongation, elle, n’intervient que dans les matchs à élimination directe (coupes, phases finales) si les deux équipes sont à égalité à la fin du temps réglementaire. Elle consiste en deux périodes supplémentaires de 15 minutes chacune. Si l’égalité persiste après ces 30 minutes, le match se décide alors par une séance de tirs au but.
Pourquoi les matchs durent-ils 100 minutes maintenant ? L’explication des nouveaux arrêts de jeu
Si vous avez l’impression que les matchs s’éternisent depuis la Coupe du Monde 2022, vous n’avez pas tort. Cette tendance est le résultat d’une directive très claire de la FIFA, dont je suis l’applicateur sur le terrain. L’objectif est de lutter contre l’antijeu et d’augmenter le temps de jeu effectif pour se rapprocher le plus possible des 90 minutes payées par les spectateurs. La philosophie est simple : chaque seconde perdue volontairement ou non doit être compensée plus rigoureusement.
Les consignes que nous, arbitres, avons reçues sont précises. Nous devons désormais décompter de manière quasi-systématique le temps perdu pour :
- Les célébrations de but (qui peuvent facilement durer plus d’une minute).
- Les remplacements.
- Les blessures et interventions des soigneurs.
- Les interventions de l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR).
- Toute autre tactique visant à ralentir le jeu (gain de temps sur un six-mètres, etc.).
Cette approche, portée par Pierluigi Collina, président de la Commission des arbitres de la FIFA, est une petite révolution. Il l’a résumé ainsi :
On a donné l’ordre aux arbitres d’être plus attentifs au temps perdu. S’il y a une blessure, la célébration d’un but ou une intervention de la VAR, le temps devra être ajouté à la fin de la rencontre. Il ne sera pas anormal de voir des rencontres avec huit, neuf ou dix minutes d’arrêts de jeu.
– Pierluigi Collina, Président de la Commission des arbitres de la FIFA
En conséquence, il n’est plus rare de voir des matchs dépasser les 100 minutes au total. En effet, depuis la Coupe du Monde 2022, les arrêts de jeu sont fréquemment supérieurs à plus de 8 minutes par match. Cette mesure vise à rendre le spectacle plus juste et à décourager les équipes de « casser » le rythme volontairement.
